Entre 4 et 6 millions d’emplois perdus aux États-Unis, chaque semaine !
Après 10 ans de baisse presque ininterrompue du taux de chômage depuis septembre 2010, le taux de chômage aux États-Unis passe courant avril de 4,4% à 20% en seulement 5 semaines et ça continue de progresser…
Les États-Unis perdent 30 millions d’emplois fin avril 2020. Aujourd’hui, de nombreux économistes prévoient un taux de chômage de 30% d’ici fin juin. Ce qui signifie qu’un américain sur trois sera bientôt au chômage.
Depuis San Diego en Californie, Sergio Fuentes, nous donne le ressenti de la population vis à vis de cette situation (25 avril 2020) https://valeur-suisse-institut.ch/usa-25-million-jobs-lost/
Comment les gens ressentent la situation, cette incroyable situation ?
En ce qui concerne le supermarché, je dirais qu’environ 70% des personnes portent un masque tandis que 30% n’en portent pas. Je suis l’un d’eux qui essaie de ne pas porter de masque car j’ai du mal à respirer avec… Je ne suis pas si inquiet ni effrayé d’attraper le virus moi-même, depuis que j’en sais un peu plus sur ce qui se passe et comment on contracte la maladie.
Aussi, il y a des manifestants à Encinitas (une ville côtière de Californie située dans le comté de San Diego à environ 40 km de San Diego et à 150 km au sud de Los Angeles), qui se situe à environ 10 minutes d’ici, par la plage. Il y a une semaine ou 10 jours, Ils protestaient en réclamant la réouverture du pays. Environ 40 à 100 personnes. On a la même chose à Los Angeles.
Les chiffres continuent d’évoluer à raison d’environ 4 millions de nouveaux chômeurs par semaine depuis avril 2020.
Pensez-vous que le virus est pire pour eux que la situation de sans emploi ?
Non, je pense que la question du chômage dépasse cela maintenant. Au départ peut-être tout le monde était fixé sur le sujet du virus. Maintenant, plus le temps passe, plus les gens sont au courant que la situation sanitaire est sous contrôle et le nombre de nouveaux cas diminue ou est gelé. Les gens veulent retourner au travail maintenant. Ils sont plus préoccupés par le fait de pouvoir retourner au travail que le sujet du virus. Parce que porter le masque permet de respecter la distance sociale. Dans ce cas, retournons au travail. Que faire d’autres ?
Non, ce que je sais au travers des medias, de l’actualités et internet, c’est que la plupart des gens vivent financièrement à flux tendu. Ils n’ont pas juste un mois ou deux devant eux. C’est pourquoi ça ne doit pas s’éterniser. La plupart des personnes vivent en utilisant leur carte de crédit, par le biais de laquelle ils s’endettent. Il y a même des pubs en ce moment pour des avocats spécialisés en faillites personnelles. Ces pubs s’expliquent facilement en estimant que d’ici un à trois mois, quand les gens espéreront recommencer à retrouver leur emploi, ça sera dur de récupérer financièrement, ce que les gens ont désormais creusé comme dette : $1’000, $2’000 de crédit quand on n’a pas d’argent ça n’est pas simple ! Alors pour tenir les gens payent le minimum et démarre avec la balance qu’ils ont : 1’000 , 2’000 10’000, 20’000… Il faut juste payer le minimum. Seules les personnes qui font beaucoup d’argent, et qui ont des liquidités au-delà, peuvent payer et respecter leurs créances. Mais pour la plupart des gens, plus le temps passe, plus ils rentrent dans le rouge. Personnellement j’ai assaini mes crédits et je reste prudent, en m’assurant de pouvoir continuer à payer. Nous sommes tous dans la même situation en ne consommant qu’au minimum et d’attendre de voir ce qui va se passer dans l’économie. Beaucoup de gens sont en train de s’endetter. Ils s’endettent presque automatiquement en usant de leur carte de crédit, cela ne va seulement que retarder leur situation économique.
Est-ce que vous pensez qu’ils seront à même de rembourser leur crédit de cette manière ?
J’ai deux amis dont je connais bien la situation. L’un d’eux est mon patron. Il a déjà recourt à la carte de crédit. Aucun d’entre nous n’a reçu son indemnité de chômage. Ce vendredi, hier, cela faisait quatre semaines que je n’ai pas travaillé. Je n’ai toujours pas reçu le chèque du chômage. J’espère la semaine prochaine, mais c’est la durée à laquelle on doit s’attendre.
Les personnels de restauration qui vivent payées au coup par coup comme les barmans, les serveuses, sont tendus. Sans activités, ils n’ont plus de pourboires. Et ces pourboires étaient utiles pour payer une partie de leurs dépenses et leur salaire, une autre. Comme c’est complétement arrêté tous ces gens sont au jour le jour. Je connais une personne comme cela et qui peine à joindre les deux bouts, en vivant à crédit, à attendre un règlement du chômage, également. Pareil pour mon patron. Sa femme était femme de ménage. Les gens chez qui elle avait l’habitude de travailler. Ils se sont confinés dans leur maison. Elle n’aura plus son salaire de $400 correspondant à une journée hebdomadaire : c’est complétement arrêté. Alors comment récupérer ses $400 ? Quand elle recevra son chèque du chômage, cela lui permettra à peine de survivre.
Les gens utiliseront cet argent du chômage pour rembourser leur dépassement de crédit. Le reste, s’il y en a, c’est pour le loyer, l’électricité la nourriture : le basique, juste pour continuer… Parce qu’il y a un retard dans le paiement du chômage, ce qui devait être payé avec ces liquidités, est finalement réglé à crédit. Ce qui va être difficile à récupérer.
Comment pensez-vous que les gens vont réagir dans une seconde étape ?
Jusqu’à présent le maire de Los Angeles ne voulait pas mettre fin au confinement. Le gouverneur de Californie ne voulait pas ouvrir. Même quand ça sera le cas, cela sera de manière réduite. Cela ne va pas vraiment aider les gens, si le déconfinement ne va pas assez vite. En Californie, il y a beaucoup de salles de sports. Beaucoup de gens fréquentaient ces endroits. Notre climat est très ensoleillé tout au long de l’année, avec de très faibles épisodes pluvieux. Les gens ici dépendent d’activités comme le surf, le ski nautique,… Il y a aussi beaucoup de salles d’arts martiaux (karaté, kung fu, jujitsu, judo,…), le yoga,… Tout cela est fermé car partout où il y a des groupes qui peuvent se former, ils sont fermés. Ces personnes font ces métiers avec passion et aiment enseigner. Ce ne sont pas des gens bien riches. Ils n’ont pas la possibilité de mettre de l’argent de côté. Sauf les propriétaires de ces établissements. Donc ça va être lourd de conséquences pour eux. Je ne pense pas que ces activités vont rouvrir en premier. Ca concerne un pourcentage non négligeable en Californie. Les établissements de café (coffee shops) sont très appréciés, notamment à Hollywood. Ils avaient l’habitude d’y aller c’est maintenant fermé. Et ils ne vont pas non plus les rouvrir de sitôt. Ils ne veulent pas voir les gens au Starbucks Coffee. J’utilise ce nom, mais il y en a de nombreux autres. Quand on y va à 4 ou 5, on ne peut pas y garantir une distance sociale suffisante. Et les gens ne vont probablement pas y retourner non plus et payer $3 to $5 pour un café…
C’est vrai que c’est trop tôt pour anticiper la suite. Ils ne veulent pour le moment pas stopper le confinement avant le 15 mai ou environ. Les gens commencent à être en colère vis à vis du maire de Los Angeles, pour ses commentaires et ses analyses sur le cor@n@virus, le confinement à la maison, la dépression. Les gens sont en colère parce qu’ils sont contraints à rester chez eux et cette situation vis à vis de 77’000 hypothétiques personnes qui mourront dans les prochains mois, contre en réalité quelques milliers jusqu’à présent.
Est-ce que vous avez eu écho de personnes qui ont actuellement des difficultés pour s’alimenter ? Ou au contraire, nous n’en sommes pas encore à ce niveau ?
Non, pas pour le moment. Je ne connais personne dans cette situation. Je vis à Carlsbad (San Diego) dans un beau quartier fréquenté par la classe moyenne. Tous ceux que je croise en supermarché semblent encore pouvoir acheter. Dans les quartiers comme les ghettos à San Diego ou à Los Angeles et à l’est de Los Angeles comme à Boyle Heights, il y a des gangs et dans ces quartiers, les gens vivent dans la précarité. Il est possible que la situation soit pire pour eux. D’autant que certains d’entre eux vivent une forte dépendance à la drogue. Et d’autres peuvent y recourir comme pour vouloir remédier au stress d’être enfermé. Et comme c’est légal en Californie, la ma@riju@na peut y être consommée. Ça peut leur donner l’impression de pouvoir évacuer en permanence. Ils peuvent vouloir mélanger drogues et alcool. Mais en cherchant à oublier, ils se mettent en situation de devoir trouver de l’argent pour payer leur consommation. On peut voir apparaitre des vols ou cambriolages ou, on ne sait encore quels autres crimes et délits en tout genre. Mais peu d’infos à ce sujet néanmoins.
Est-ce que vous verrons les conséquences de cette situation non pas maintenant, plus tard, après le confinement ?
Oui, très certainement. Il y aura des conséquences à ceci. Je ne peux pas même imaginer comment tout cela va finir. Car je ne connais pas tout le monde, et pour chaque personne la situation est différente. Qui sait comment va devenir leur situation d’endettement ? Ceux avec quelques économies seront plus à même de se maintenir à flot. Beaucoup d’autres vont couler. La plupart seront endettés, pour un long moment. Petit à petit, crédit après crédit, jusqu’à un point de non-retour : la banqueroute. La faillite personnelle va devenir la seule solution pour repartir à zéro. Dans la situation présente, qui se soucie de sa note de crédit ? Nous entrons dans le moment de la survie du plus apte. Juste un mode survie. Une situation qui va se poursuivre. Même sans grande visibilité, on devine que beaucoup de personnes ne vont pas retrouver leur emploi, car tout simplement il n’existe plus. Il n’y en aura plus autant de travail, car toutes ces petites entreprises et boutiques ne vont pas survivre. Celles qui ont tenu jusqu’à ce mois, devront peut-être fermer le mois prochain. Celles qui vont s’ingénier à rouvrir vont redémarrer une activité dans un contexte peu dynamique où peu de personnes vont se remettre à consommer comme avant, à payer $4 ou $5 pour un café ou un yaourt. Beaucoup de ces entreprises vont tenter de revenir mais sans succès : par le simple fait du manque de clients ou d’un mode de consommation modifié, vers une recherche de l’essentiel, par opposition à une consommation effrénée et matérialiste. Pour la plupart de ces entreprises il faudra néanmoins plusieurs mois avant de mesurer qui parmi elles, n’auront pas réussi à revenir et auront fini par fermer, juste par manque de volume ou de consommateurs.
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